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Le Théâtre à la coque devient Centre National de la Marionnette

« Nos acteurs, c’est nous qui les fabriquons ». Serge Boulier

La presse était invitée la semaine dernière à ce qui ressemblait plus à un pot de départ en retraite dans le service comptabilité de l’usine de parapluies Pujol-Michonneau qu’à une conférence de presse. En cercle parfait, dans le hall vidé comme pour accueillir une boum, l’équipe du Théâtre à la coque, entourée par les officiels de la culture, du municipal au départemental, jusqu’au régional, se balançant légèrement sur leur pointe de pied en attendant leur tour, les uns en tenue détendue – on est vendredi – les autres dans les camaïeux de noir habituels du monde de la culture. Un cercle s’ouvrant magiquement pour se recomposer en arc de cercle et laisser la place d’orateur au maître des lieux, Serge Boulier (qui ne part pas du tout en retraite mais vient d’obtenir, après quatre ans de dossier, le statut de Centre National de la Marionnette pour le Théâtre à la coque).

Discours. Claps Claps polis. Mot d’un officiel. Clap Clap. Mot d’un autre officiel. Clap Clap. Mot d’un autre officiel. Clap Clap. Et ainsi de suite. Tout le monde est très content. Nous aussi. Et comme on est dans le domaine de culture, en plus, on se félicite du sens. Sur les tables, des petites assiettes de bonbons composent des têtes de clown facétieuses, parce qu’on est dans un univers jeune public – mais pas que. Et puis il y a la presse. Le correspondant du Télégramme, la correspondante de Ouest-France, et moi. Je suis la seule assise, parce que je ne suis jamais arrivée à adopter la posture des correspondants, laissés debout avec leur bloc, comme des agents du recensement. On est dans un coin, hors du cercle. Et c’est un peu bizarre parce nous sommes les seuls à qui ce discours pourrait apprendre quelque chose vu que tous les autres suivent le dossier depuis quatre ans. Oui, quatre ans que l’on écrivait un premier article sur cet upgrade du lieu, qui a aidé à naître tant de pointures dans le domaine de la marionnette et du théâtre d’objet : Scopitone, Bob Théâtre, Aïe Aïe Aïe, Drôlatic Industry, Les Maladroits…

Grâce à l’appui des structures locales, départementales et régionales le Théâtre à la coque, en devenant « CNM », rejoint cette année cinq autres structures en France : Le Théâtre de Laval, L’Hectare, à Vendôme, L’Espace Jeliote, à Oloron Sainte-Marie, Le Sablier, à Dives-sur-mer, et Le Tas de sable, à Amiens. C’est dire si la marionnette contemporaine a pris sa place dans le spectacle vivant en France…

Et concrètement ?

En pratique, la labellisation va donner – outre une légitimité accrue et une pérennisation du lieu – des moyens supplémentaires : une amplification de l’aide à la création et à la production (entre 2500 et 10000 € par projet), un budget augmenté, donc davantage de représentations (on passe de 25 à 50 par an) et 50 % de compagnies soutenues en plus (on passe de 20 à 22 semaines). 

Le Bouffou ou Le Théâtre à la coque ?

On ne sait jamais comment les appeler, car le lieu semble indissociable de la compagnie qui l’habite. Le Théâtre à la coque, posé au sommet de la ville ancienne d’Hennebont, est l’ancien cinéma, reconverti en imprimerie, puis racheté en 1998 par Serge Boulier (en hypothéquant sa propre maison) et ouvert en 2003. La compagnie de Serge Boulier s’appelle le Bouffou Théâtre.

Plus qu’un simple plateau de diffusion, le Théâtre à la coque est depuis lors une « maison » de travail qui offre à des artistes un espace, du temps et un accompagnement pour nourrir leur travail et ouvre au public des temps de répétition, créant une passerelle avec la création artistique.

Isabelle Nivet – Septembre 2021

 

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