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L’homme qui aimait trop les livres. Allison Hoover-Bartlett

La fascination pour la littérature est une grave maladie avec laquelle il ne faut pas trop plaisanter. Les bibliovores ne sont jamais rassasiés et s’entourer d’écrits relève parfois du syndrome de Diogène. C’est ainsi qu’est bâtie cette oeuvre, on se retrouve lové sous une constellation où brillent titres, noms d’auteurs et anecdotes de livres qu’on a lus et qu’on aimerait relire, ou qu’on ne connait pas encore mais qu’on meurt d’envie de découvrir.

Telle une Jodie Foster face à un Anthony Hopkins dans Le silence des agneaux, Allison Hoover, journaliste au San Francisco Magazine, va venir se frotter à un voleur en série, véritable animal lecteur. John Gilkey a subtilisé des livres par milliers pour assouvir son addiction à la collection. Atteint d’une sévère bibliomanie, sa drogue ne serait-elle pas le shoot de littéradure ?
Pour apaiser cette soif intense il doit trouver du liquide pour l’écouler dans ses objets convoités. Ainsi enveloppé par ses couvertures de livres, il parvient à se laisser happer par le grand sommeil quand, de Peter le lapin à Virginia Wolf, ses doux doux books veillent. Mais sitôt le jour levé, marqué à l’encre, l’esclave du papier imprimé ne peut lutter contre son désir irrépressible de posséder.

Oscar Wilde a dit : « Je peux résister à tout sauf à la tentation ». On voit alors bien que l’obsessionnel avéré, au-delà de la raison, se met en danger, prend des risques inconsidérés, mais peut difficilement contrôler quand les livres le mènent par le book du nez. Et si sous Henri IV l’on pendait pour vol d’un petit livre, de nos jours ce crime reste quasi impuni, ce qui donne peu de limites à celui qui se fait passer pour la victime des libraires. Au gendarme et au voleur, Gilkey est pourchassé par Ken Sanders, best saler de bouquins anciens. Le libraire s’organise et part pour une incroyable croisade, en sauveur d’incunables. Spider Sanders, n’a plus qu’une idée en tête, piéger Gilkey dans sa toile d’araignée. Mais que serait Batman sans le Joker, Sherlock Holmes sans Moriarty ? Il semblerait que l’idée de coincer cet Arsène bouquin, harcèle ce Clark Ken jusqu’à l’obsession. Le chineur cherche à choper le chipeur et en fait sa déraison de vivre.

UNE CHRONIQUE DE MORGANE THOMAS
LA FEMME QUI AIMAIT BEAUCOUP TROP LES LIVRES

 

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