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Ouverture du SEW à Morlaix. Un lieu presqu’unique

Le SEW, à Morlaix, il vient d’ouvrir, là, en octobre. Les architectes Loïc Julienne, Alice Périot, Giulia Tellier (Construire / Paris) et Amélie Loisel (Laab / Lannion) en sont les co-auteurs, vous irez  voir leur site, ils sont bons bons bons bons. Le SEW, c’est un lieu qui ressemble beaucoup au LU de Nantes (et pour cause, ce sont les mêmes archis…), dans les esthétiques qu’on aime aujourd’hui, celles qui respectent les traces de l’histoire et de la vie : un ancien espace industriel (la manufacture des tabacs) aux murs bruts, une signalétique créative, beaucoup de place pour faire plein de choses (4700 m2), du mobilier vintage (une belle récup de fauteuils de salle d’attente 70ies en tissu orange et piètements chromés), des cloisons en grillage (ah oui, ça ressemble au LU, on a dit) et du volume, du volume, du volume.

Une immense cour intérieure qui fait rêver de fêtes ou de spectacles de rue, un restaurant, un bar, une librairie (une antenne de Dialogues), une galerie d’expo, trois studios de répétition, une salle de spectacle (240 places assises / 800 debouts) avec beaucoup de bois, très modulable, sans scène (une très bonne idée, qui permet de casser – un peu – les codes), et, et, et… Trois salles de cinéma (de 50 à 150 places).

 

Mais quelles salles de cinéma !
(Grosse émotion)

Bon, on fait comme d’hab, on vous raconte avec nos yeux : on monte un escalier de béton bien raide, sur lequel un peintre maladroit aurait laissé filer des coulures de peinture, rouge, bleue, verte, destinées à montrer le chemin de chaque salle, la rouge, la bleue, la verte.

L’étage est immense et incroyablement haut de plafond. Dans cet espace, trois… cocons ? capsules ? Trois formes. Imaginez des gélules géantes, carénées d’un revêtement argenté, qui se seraient calées comme elles le pouvaient entre les fermes de la charpente qui leur seraient comme des bers. Vous nous suivez toujours ? On est déjà sous le choc, imaginant les vers à soie mutants qui auraient pu squatter l’endroit, ou le plasticien un peu maboul qui aurait pu concevoir ces presqu’œuvres d’art contemporain. Rien que ça, c’est déjà totalement enivrant, tourneboulant, on ne sait pas où on est, un grenier où tout a été possible, l’absence de limites, la folie de la démesure, la beauté des matériaux.

Maintenant nous sommes prêts à entrer dans les capsules. Ne pas crier. Impossible. Je sais, c’est un poil excessif, mais je ne suis pas sûre que le plafond de la chapelle Sixtine m’arracherait autant de cris de bonheur. Franchement. Vous n’avez jamais vu de salle de cinéma comme ça.

Le boudoir de Marie-Antoinette 2021. Un cocon tendu de tissu à motifs, en lien avec le monde maritime, poulpe, requin, algues et pousse-pieds, très beau, pas du tout esprit boutique de souvenir en bord de mer. Les membrures d’une coque de bateau rondouillard, à l’envers, donc beaucoup de bois. Et pour donner de la lumière, réinventant l’esthétique des premiers cinémas, des lustres – oui oui, pas des appliques, pas des néons, mais des suspensions – en cristal contemporain, éparpillant la lumière comme leurs ancêtres à pampilles.

Ces cinémas, pour lesquels on parie que vous irez à Morlaix EXPRES, ils sont gérés par le cinéma La Salamandre, une institution morlaisienne, l’une des trois lettres qui composent le nom de ce projet à trois têtes : S pour Salamandre, E pour Entresort et W pour Wart. Trois structures qui co-gèrent et co-animent le lieu. Le théâtre de l’Entresort et sa troupe de comédiens handicapés, emmenés dans la folie de leur metteuse en scène, Madeleine Louarn. Et Wart, producteur de musiques actuelles et organisateur du festival Panoramas, qui, ce trimestre, programme au SEW Chapelier fouAcid Arab ou Suzane, avant de s’orienter vers une lumière plus rap en début d’année 2022.
Entrée publique : 39 Quai du Léon (Galerie du Léon) 

On continue la balade à Morlaix ?

 L’Hôtel de l’Europe et son escalier de bois à la Agatha Christie bretonnante, magnifique hall et jolie façade en parements de bois réinventant l’esprit breton.

Le grand café de la terrasse, un café belle époque sublime avec un escalier, là aussi, magnifique (c’est vraiment très très beau). Et il y a paraît-il une très bonne pâtisserie juste à côté…

Le théâtre du Pays de Morlaix, un théâtre à l’Italienne, ils sont rares en région, et celui-là est parfait, avec ses moulures, ses stucs couleur or, associés à des velours rouges.

Le siège et la boutique de Grain de sail, un chocolat et un café qui voyagent en voilier. Le bâtiment est sur le port, rive droite. Charmant.

 

Et la route côtière le long de la baie de Morlaix, la D769, en direction de Saint-Paul de Léon, bordée de jolis murs de pierre et de maisons magnifiques, dont la délicate Villa Kerjannic, ancienne maison de Nina Ricci, transformée en maison d’hôtes. Miam.

 

Isabelle Nivet. Novembre 2021

 

 

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