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On a vu Jean-Pierre et le loup, de la Jo Coop Cie. Et aimé

On a encore vu un spectacle, la semaine dernière, on est presque gênée de vous le dire à vous, spectateurs malheureux de ne pouvoir retrouver le chemin des salles, mais on se dit que vous donner envie vous permettra de foncer dès sa sortie. Cette fois, c’était L’Estran, à Guidel, qui proposait un filage de la nouvelle création de la Jo Coop Cie, à destination des professionnels.

On suivait « Jean-Pierre et le loup » depuis plusieurs mois, on vous en avait parlé, et le résultat presque final est excellent. Encore quelques petits calages et on aura un spectacle formidable, dans lequel on est entrée sans réserve. 

Jean Quiclet, comédien, et Stéphane Le Tallec, musicien, jouent ensemble depuis la première création de la compagnie, « Le petit Phil rouge », avec Catherine Pouplain, puis « Souvent la poésie m’emmerde », en duo. Ancré dans son rôle de guitariste, Le Tallec n’avait jusque-là jamais fait de pas de côté, c’est chose faite avec ce rôle formidable de chef d’orchestre échevelé, teuton et autoritaire, où il ressemble furieusement à Philippe Caubère.

C’est en tout premier lieu la bonne découverte du spectacle, l’éclosion d’une identité, mais aussi la synergie entre deux artistes, qui les fait grandir ensemble.

Quiclet se révèle, ça se confirme, dans la sensibilité, faisant évoluer son clown dans des contrées plus fragiles, plus oniriques, plus fines, et la complicité fait exister des personnages forts et bien dessinés, qui se complètent et s’enrichissent. Nous avons donc d’un côté deux clowns, un Auguste au nez de moins en moins rouge et un clown blanc, chef d’orchestre irascible, entre Karajan et Angus Young, dont la redingote dissimule des encoches à baguettes, dont il use et abuse au cours du spectacle. La narration fait alterner leur duo avec l’apparition de personnages joués par Quiclet, quatre résidents qui font l’Ehpad buissonnière. C’est là que nous avons décollé : avec rien – à part quelques effets lumière et son très simples – Quiclet nous embarque à la suite du vieux Jean-Pierre dans son escapade, et c’est tendre, joyeux, libre, et pas plombant du tout, pour nous qui avons d’habitude un peu de mal avec les spectacles sur la vieillesse.

On « voit » dans notre tête les tribulations de Jean-Pierre, Miss Cat, Bernard Mullard et Edith Pinson, juste par l’incarnation du clown, qui compose des figures de vieux très chouettes.

Isabelle Nivet. Février 2021

 

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