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L’Affaire du Siècle, rien que ça.

C’est l’Affaire du Siècle. Pourtant, en en discutant un peu autour de moi, j’ai l’impression que cette affaire du siècle n’est finalement  pas l’affaire de grand monde. 2,3 millions de Français·e·s sont impliquées néanmoins, mais le retentissement médiatique a été quelque peu minime. Mais merde zut, c’est l’affaire du siècle quoi ! Si même ta rédac-chef n’en a pas entendu parler, ça vaut bien une chronique.

L’Affaire du Siècle est une action menée en justice par quatre associations en France. Sous cette bannière se rassemblent Notre Affaire à Tous, la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme, Greenpeace France, Oxfam France, et un paquet de citoyen·ne·s. La Fondation Nicolas Hulot est comme son nom l’indique la fondation de celui qui l’a créée et présidée jusqu’à sa démission en 2017 pour devenir ministre de l’Écologie. On présente assez rapidement Greenpeace, l’organisation non gouvernementale internationale pour la « paix verte » créée en 1971 et présente dans plus de 55 pays. Oxfam, on connait aussi. On sait moins que cette confédération de vingt organisations caritatives indépendantes à travers le monde porte un acronyme abrégeant Oxford Committee for Famine Relief, nom originel de l’association créée en 1942 en Angleterre dont le but était d’envoyer des vivres aux femmes et enfants qui mourraient de faim dans la Grèce occupée par les nazis. Notre Affaire à tous est la petite jeunette de la bande. Constituée en 2015, l’asso utilise le droit comme levier contre le changement climatique. Le droit comme l’arme mise à la disposition des citoyen·ne·s pour lutter contre le changement climatique.

Une nouvelle dynamique, de nouveaux lobbys
C’est un phénomène assez récent. Plutôt que de rester, ou plutôt devrions-nous dire, en plus de rester tout·e seul·e faire pipi sous la douche, il existe une nouvelle dynamique mondiale qui consiste en des actions en justice menées par les citoyennes et citoyens, afin que leurs droits fondamentaux soient garantis face aux changements climatiques. Pour L’Affaire du Siècle, les quatre associations étaient co-requérantes, ce sont donc elles qui portent le poids juridique et financier de cette procédure d’intérêt général. L’intérêt général étant attesté par le poids du lobby citoyen, en l’occurrence, plus de 2,3 millions de personnes qui ont signé une pétition, soutenant ainsi l’action en justice contre l’Etat pour le climat. Un phénomène nouveau qui prend de l’ampleur à l’échelle internationale. Un rapport publié en 2017 par le programme des Nations Unies faisait état de 894 actions judiciaires du même type dans le monde. Faut croire qu’on devient vraiment désespéré·e·s pour faire appel à la justice !

L’Affaire du Siècle, concrètement
S’appuyant sur la situation écologique actuelle délétère, nos 4 mousquetaires – n’oublions pas D’Artagnan – reprochent aux politiques et aux acteurs économiques ne pas entendre les cris d’alarme face aux changements climatiques, de ne pas respecter leurs engagements, et tout simplement, de ne pas protéger nos vies et nos territoires. Il y aussi en toile de fond l’idée d’une justice sociale à l’heure où tout le monde paye quand quelques-uns polluent. En effet, une étude publiée le 21 octobre par le World Inequality Lab (WIL) atteste que les 10% les plus riches de la planète sont responsables de la moitié des émissions planétaires de CO2 tandis que la moitié la plus pauvre de la population mondiale émet en moyenne seulement 1,6 tonne de carbone par personne, soit 12 % des émissions mondiales. Mais tout le monde paye, et encore plus ces plus pauvres. C’est donc, pour l’Affaire du Siècle, à l’état d’agir pour que les choses changent.

Une victoire historique en France
En février dernier, l’Etat a été condamné une première fois pour n’avoir pas respecté ses objectifs de réduction des gaz à effet de serre entre 2015 et 2018. Bim. Et deuxième bim Le 14 octobre, le tribunal administratif de Paris lui donne désormais jusqu’à la fin 2022 pour réparer ce préjudice. Le jugement est clair : le gouvernement doit  « réparer les conséquences de sa carence en matière de lutte contre le changement climatique ». Juste 15 millions de tonnes de CO2 émises en trop entre 2015 et 2018 par rapport à ses propres objectifs, hein, on est bien. Sur la méthode et les mesures, les juges ne se mouillent pas trop, les laissant à « la libre appréciation du gouvernement », mais le condamné doit néanmoins prouver l’efficience des politiques mises en place. Ce qui est intéressant aussi, c’est, selon Cécilia Rinaudo, porte-parole de notre Affaire à Tous, le « double étau juridique : d’un côté, celui de respecter ses engagements climatiques, et de l’autre, celui de réparer tout manquement ou écart de route ». C’est également un signal fort envoyé à la veille d’une nouvelle élection présidentielle. Car la décision de justice ne concerne pas uniquement le gouvernement actuel, mais aussi tous ceux à venir, c’est en effet l’Etat qui est concerné. Chaque candidat·e à l’élection présidentielle doit donc s’en souvenir : en refusant d’agir pour le climat, il ou elle mettra l’Etat hors-la-loi. A priori on peut compter sur les citoyen·ne·s pour le leur rappeler. Et pour continuer à se mobiliser, à manifester, à signer des pétitions et à faire pipi sous la douche.

Photo ©L’Affaire du siècle

Géraldine Berry. Octobre 2021

IG @geraldineberry_lorient
Imparfaite, incomplète mais engagée, j’essaye de participer au jour le jour à une société plus verte, persuadée qu’une goutte d’eau dans la mer, c’est déjà ça.

Parce que la coopérative Biocoop Les 7 épis est une entreprise engagée et militante, elle finance cette chronique et nous permet d’offrir une rubrique orientée solutions, dans l’objectif de donner des clefs pour agir… 

 

 

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